Dans la famille des artistes féminines de l’ouest américain, on pense immanquablement à Mary-Russell Ferrell Colton, célèbre pour ses représentations de paysages et d’habitants du plateau du Colorado.
Elle créa aussi avec son époux, le zoologiste Harold Sellers Colton, le Museum of Northern Arizona.
Mary-Russell Ferrell Colton tomba amoureuse de cette merveilleuse région et ne cessa de collaborer avec des artistes autochtones locaux, mettant en avant leurs poteries, bijoux, kachinas, et autres productions, dans les collections du musée.
Les passionnés d’histoire du sud-ouest nord-américain connaissent moins Margaret Schevill dont on a surtout retenu une publication sur les Navajos intitulée The Pollen Path: A Collection Of Navajo Myths.
Cet ouvrage est paru pour la première fois en 1956, avec des illustrations de l’artiste navajo Andy Tsihnajinnie qui collabora de nombreuses fois avec le linguiste navajo William Morgan, célèbre pour The Navaho language, co-écrit avec Robert W. Young.
Pour en apprendre plus sur William Morgan, voir l’article William Morgan (1917-2001): Navajo Linguist, David W. Dinwoodie et William Morgan, Anthropological Linguistics, Vol. 45, No. 4 (Winter, 2003), pp. 426-449 (24 pages), Trustees of Indiana University
https://www.jstor.org/stable/30028911
Morgan fut également l’auteur de plusieurs livres jeunesse en navajo et en anglais dont Coyote Tales (1954) illustré par Andy Tsihnajinnie.
Margaret Schevill fréquente de nombreux chercheurs et artistes associés à la transmission des savoirs en territoire navajo mais elle reste finalement dans l’ombre de ces hommes. D’elle, on sait finalement peu de choses.
Elle est née en 1887 sur la côte est, à Jersey City dans le New Jersey, et elle sort diplômée du Wellesley College (Massachusetts) en 1909.
Elle part enseigner l’anglais à Tucson en Arizona (Tucson High School) puis épouse Rudolph Schevill, qui dirige le Department of Romance Languages à l’université de Californie à Berkeley où le couple déménage. Elle étudie la peinture avec William Gaw et réalise de fréquents voyages en Arizona où elle assiste à des cérémonies de guérison, notamment la Mountain-Shootingway, à l’ouest d’Oraibi, village hopi, et près de Pinyon.
Elle fréquente aussi les « grands » de la côte ouest, Olgivanna Lloyd Wright, la troisième et dernière épouse de l’architecte Frank Lloyd Wright. Elle dédie d’ailleurs au couple une copie de Desert Center. Les Wright résidaient régulièrement à Scottsdale en Arizona.
En 1950, Imogen Cunningham photographie Margaret Schevill qui arbore un magnifique collier réalisé par Alexander Calder.
Elle se passionne aussi pour la psychanalyse et échange des lettres avec Carl Gustav Jung qui s’intéresse également au symbolisme des rituels navajos.
Touche à tout, Margaret Schevill ne se contente pas de peindre des paysages des réserves amérindiennes. Elle publie aussi des poèmes et plusieurs livres pour enfants.
A Berkeley, une plaque située au 2080 Addison Street et faisant partie du parcours poétique de la ville, cite son poème Desert Center afin de lui rendre hommage.
DESERT CENTER de Margaret Erwin Schevill
There’s a magnet in the desert earth,
Or a meteor buried deep,
An old Indian said.
It fell there long ago,
A black star with a tail,
A long, lizard tail,
And it fell
To show
The earth people
Where the center was.
Deep down in the earth
It is there,
For it draws us
And it draws us,
And it draws you, too,
And you will always return.
Margaret Erwin Schevill décède à Tucson en 1962. Son fils, James marchera dans ses pas et deviendra un poète reconnu.
Bibliographie : ouvrages ou articles rédigés par Margaret Erwin Schevill
1942. Desert Sheaf. Tucson, Arizona: Desert Press.
1943. In The Garden of the Home God. Santa Fe, New Mexico : Hazel Dreis Editions.
1945. The Navajo Screen. The Kiva, 11:3-5.
1947. Beautiful on the Earth. Santa Fe, New Mexico: Hazel Dreis Editions.
1953. Desert Center. Balkow Press.
1956. The Pollen Path: A Collection of Navajo Myths Retold by Margaret Schevill. Stanford University Press.