L’administration Trump avait été catastrophique pour les droits des Premières Nations aux États-Unis. Le précédent président – à l’instar de certains dirigeants européens – privilégiait les intérêts des géants de l’énergie, notamment les entreprises exerçant dans les domaines de l’industrie pétrolière ou hydraulique.
Avec Joe Biden, on assiste à un rétropédalage – lent et mou- mais qui a au moins le mérite de protéger l’environnement et les sites sacrés amérindiens.
En 2021, Biden avait annulé la mesure scandaleuse prise par Trump au sujet de Bears Ears et Grand Staircase-Escalante, tous deux situés dans l’Utah. Trump leur avait retiré le statut de « national monument » qui ouvre droit à une protection au niveau fédéral. Ce titre peut être attribué par le président sans l’accord du Congrès.
C’était le président Clinton qui avait ainsi octroyé le titre de national monument au Grand Staircase-Escalante en 1996. Mais, le 4 décembre 2017, le président Trump avait décrété que les terres protégées devaient être réduites de 47%, provoquant une levée de boucliers de la part des associations écologistes et des amoureux de la Nature… Le site de Grand Staircase-Escalante est célèbre dans le monde entier pour ses nombreux fossiles datant du Crétacé. Une nouvelle espèce de dinosaure, le Lythronax, y a même été découverte entre 2009 et 2013. (le temps de publier l’article scientifique validant la découverte)
Du côté des terres sacrées amérindiennes, la secrétaire de l’intérieur (actuelle ministre de l’intérieur), Deb Haaland s’était rendue à Bears Ears, en pleine épidémie de covid, en avril 2021. Ce voyage se voulait une première mesure d’apaisement envers les tribus outragées par la politique de Trump. Elle-même issue d’une famille amérindienne – sa mère était Laguna – Haaland avait notamment souligné lors de ses allocutions à la presse la nécessité de préserver les nombreux sites archéologiques de ce territoire sacré pour les tribus Diné (Navajo), Hopi, Ute Mountain Ute, Zuni et Ute.
La défense du site de Bears Ears est historique car elle a rassemblé des activistes issus d’une trentaine de tribus amérindiennes : voir ainsi les résolutions adoptées par les représentants tribaux de chacune des Premières Nations sur le site Bears Ears coalition.
Des recherches menées par l’Utah Geological Survey montrèrent que le sous-sol de Bears Ears n’était pas si riche que ça en gisements. Pourtant, plusieurs mémos qui fuitèrent dans la presse, révélèrent que Trump avait l’intention de relancer l’industrie nucléaire et les mines d’uranium. Pour faciliter cette main-mise des entreprises sur le sous-sol amérindien et les parcs nationaux (pourtant biens publics), Trump avait nommé comme numéro 2 de l’agence de la protection de la nature (U.S. Environmental Protection Agency – EPA) Andrew Wheeler, bien connu pour son lobbying en faveur des entreprises du charbon et surtout ancien employé d’ICOR International, spécialisé dans les produits réfrigérants en lien avec la prospection d’uranium.
Plusieurs représentants politiques démocrates, des associations comme Sierra Club, l’une des plus anciennes associations écologistes, co-fondée en 1892 par John Muir, des universitaires et des représentants tribaux avaient dénoncé le conflit d’intérêt mais Trump n’était pas revenu sur sa décision.
En décembre 2022, John Biden est allé au-delà de l’annulation des mesures anti-écologistes de Trump en octroyant le statut de national monument à un autre territoire naturel à cheval sur plusieurs réserves amérindiennes.
Avi Kwa Ame (Spirit Mountain) est situé dans l’état du Nevada. C’est un territoire sacré pour les Indiens Hopi, Chemehuevi Paiute, Mojave et 9 autres tribus (Hualapai, Yavapai, Havasupai, Quechan, Maricopa, Pai Pai, Halchidhoma, Cocopah, et Kumeyaay) parlant le Yuman et résidant le long de la rivière Colorado. Ainsi, les Newberry Mountains (Nevada) sont le lieu de l’émergence des ancêtres.
C’est aussi un formidable écosystème qui accueille des mouflons canadiens, des tortues du désert et l’une des concentration d’arbre de Josué (yucca brevifolia), dont certains ont plus de 900 ans.
Là aussi, il a fallu la mobilisation de milliers d’activistes amérindiens, écologistes et démocrates pour convaincre le président Biden d’octroyer ce statut protégé à Avi Kwa Ame.
Ce court reportage revient sur ces années de lutte.
Pour voir d’autres vidéos et écouter d’autres audios sur Avi Kwa Ame, consultez l’excellent site multimedia Avi Kwa Ame
https://www.avikwaame.com/