Mythe des Origines: les mondes inférieurs, les Yei et l’origine des tabous.
Il existe plusieurs versions du mythe des Origines. La plupart d’entre elles ont été recueillies par des anthropologues. Ils étudiaient les rituels navajo en observant et en interrogeant les hataali qui acceptaient de devenir leurs informateurs.
Toutes les versions du mythe des Origines font état d’une série d’ascensions successives. Les ancêtres des Navajo ont émergé des mondes inférieurs.
La commémoration de cette odyssée souterraine n’est pas uniquement prétexte à la récréation d’épisodes mythiques lors des cérémonies de guérison. Raconter sans cesse l’histoire des origines aux navajo -notamment les plus jeunes- permet de leur enseigner les vertus de l’ordre, de la mesure et du respect de l’interdépendance entre les êtres.
Le préfixe Ké recouvrent de nombreuses notions (respect, amour, mesure, coopération) qui contribuent à l’érection du charte des comportements. Par son respect des enseignements sacrés et des autres formes de la Création, le Navajo empêche la maladie d’advenir.
Les Yei, divinités navajo, ne sont pas intrasèquement bonnes ou mauvaises. De la manière dont le Navajo les appréhendera dépendra leur pouvoir de guérison ou leur degré de nocivité.
Dans l’univers navajo, tout est interaction. Chaque élément -végétal, animal, minéral ou atmosphérique- possède une énergie propre qui peut être canalisée et mise au service des êtres humains si elle est manipulée en accord avec les enseignements transmis par le passé.
L’origine des nombreux tabous associés aux Yei peut être identifiée à travers l’étude des histoires sacrées. Les Yei ont accompagné les Navajo tout au long de leurs développements successifs: ils leur ont prodigué des conseils, ils les ont doté de pouvoirs, ils leur ont transmis des enseignements. Les tabous ne sont pas tous motivés par des considérations morales, ils témoignent de la prépondérance de nombreux animaux ou phénomènes naturels dans le panthéon des êtres sacrés. Ne pas s’approcher de certains animaux est une marque de déférence.
Les responsables éducatifs des différentes agences tribales parcourent la réserve pour rappeler aux jeunes les tabous associés aux Yei. Des brochures sont publiées et distribuées dans les écoles afin d’inculquer aux enfants le respect des différents Yei qui coexistent avec eux dans la réserve.